[Italian Trip] Roma, Scène 7 : Noctambulazione (1)

Publié le par Mako Rigan

[Le titre est un néologisme dont je suis pas mécontent. Du français "noctambule" et "déambulation" avec une consonance pseudo-italienne.]
 
La journée je suis le plus souvent seul dans les rues avec mon Olympus.
A la tombée de la nuit A. me rejoint pour me montrer les endroits qu'elle aime.
Quand elle dort, je trie les photos que j'ai faites (1000 au total à Rome) et prends des notes jusqu'à tard dans la nuit. Je me lève rarement avant midi. Elle dit que je dors tout le temps, mais en réalité je tourne en moyenne à 5h par nuit.
 
 
Mazurka clandestina
Peu après mon arrivée à Rome a eu lieu une "mazurka clandestina", un bal folk à l'italienne, dans un lieu public. Là c'était sur la Piazza della Repubblica. Une Romaine rencontrée au Grand Bal de l'Europe en Auvergne m'en avait parlé. On fêtait les 3 ans de la "mazurka clandestina" de Rome. Pour l'occasion des organisateurs avaient apporté des gâteaux. La musique sortait d'une enceinte et pas d'instruments de musiciens. Ça m'a surpris, mais c'était mieux que rien. Plus tard sont arrivés des musiciens.
 
Quand je vais au bal il me faut toujours un moment pour me mettre dans le bain. Observer un peu, boire un coup, ou deux, ou plus. Mais là il n'y avait rien à boire, les bars étaient loin et dans le quartier l'alcool coûtait un bras. J'entendais dans ma tête les petites voix moralistes des folkeux bien pensants : "Pffff ! Tu peux pas danser sans boire d'alcool ?". Je les ai bâillonnes fissa.
Donc j'observe et je me fais attraper illico par une espèce de princesse de 20 ans et des poussières qui saute comme un korrigan. J'essaie de mener la valse tout en m'adaptant aux élans de son corps. Elle a l'air de vivre la musique avec passion : autant qu'elle ne soit pas déçue. Mais chose déroutante, elle corrige la position de ma main sur la sienne. Et force mon rythme, comme pour mener la danse. Je lui demande si elle veut mener (je n'ai rien contre). Elle dit que non. Ce genre de situation m'agace. J'essaie d'être ouvert, elle semble vouloir le contrôle tout en étant menée... Ciao, bella, ciao!
Après ça la miss m'ignore chaque fois que je passe près d'elle. Puis j'invite une autre demoiselle, un autre modèle de princesse, d'Italie du sud cette fois, Sicilienne, qui me dit ne pas savoir très bien danser. Une jolie mazurka. Mais elle me colle sans que je lui aie rien demandé.
La Sicilienne veut bavarder. Comédienne, chanteuse, actrice, à ce qu'elle dit. En gros, la femme parfaite. Mon amie A. ne l'aime pas. Ça m'étonne pas. Je suis tellement naïf et elle tellement jalouse !
Après ça la première princesse me saute dessus encore une fois, pour une chapelloise. Je lui fait remarquer que je dois être bien pratique pour commencer une danse dans laquelle on se sépare après quelques secondes. Elle dit ne pas comprendre. Patate ! Mais je dois lui être reconnaissant. J'apprends ça dans mon cheminement spirituel. Merci, mademoiselle : j'avais oublié ce que c'était danser seul avec quelqu'un.
 
Ca guinche !

Ca guinche !

Vues de la Piazza della Repubblica

Vues de la Piazza della Repubblica

[Italian Trip] Roma, Scène 7 : Noctambulazione (1)
 
Quelques vidéos :
 
 
Je sais pas si c'est juste moi qui me fais vieux, mais j'ai trouvé l'ambiance survoltée. La passion dans la danse, c'est beau. Mais j'ai eu l'impression que tous les danseurs étaient sous cocaïne. "Hystérique" est le mot qui m'est venu spontanément. Ce qui a fait beaucoup rire A. 
 
 
Vivaldi = vieux hippie
J'aime la musique baroque, je suis venu en Italie pour découvrir le pays et sa beauté. Un concert de musique baroque italienne s'impose...
Je mets la main sur un programme, le "XII festival internazionale de musica e arte sacra". Dans une église (Chiesa gesuita di San Francesco Saverio) on joue "Les Quatre Saisons" de Vivaldi gratuitement, une transcription pour orgue et violon. Je propose à mes amis de venir. Ils sont italiens comme Vivaldi, mais ne vont jamais à des concerts de musique baroque, et je les imagine pas trop entrer dans des églises. Quelqu'un me dit vouloir me "suivre dans ma folie". Ça me fait rire.
 
Voilà qu'on se retrouve à toute une équipe dans cette aventure. Mais j'avais posé une condition : aller au concert ivre, histoire d'apprécier pleinement la musique ! Pour ça aussi je m'y connais. Si je pense que ça a d'abord facilité le premier pas à mes poteaux, la longue torture qui a suivi a du les faire déchanter. Le festival était dédié à sa "sainteté" le Pape Francesco. Mes collègues ont du ingurgiter 30 mn de propagande monologuée sur un ton monotone  avant le début du concert. J'essayais de les calmer en leur disant qu'il y a toujours de longues attentes avant ce genre de concert... Mais pour eux c'était terrible : ils comprenaient ce qui était dit, étaient bourrés et trépignaient sur leurs chaises. Moi j'étais immunisé par la barrière de la langue. J'ai griffonné un poème et fait des dessins sur un calepin.
D'autres morceaux ont été joués avant "Les Quatre saisons". Quand les premières notes du quadruple concerto ont retenti, j'étais au 7e ciel. Lina Uinskyte (Lituanienne) au violon, Francesco Filidei (Italien) à l'orgue. La violoniste dégage une froideur extraordinaire. Elle joue trop vite par rapport à toutes les interprétations que j'ai entendues dans le passé. N'empêche qu'en relisant mes notes, je me souviens que je l'ai comparée à un tiramisu, étant bien prêt à lui lécher l'intérieur de la main.
 

Le 3e mouvement (presto) de l'Eté, un de mes passages préférés. Dans cette vidéo c'est la Norvégienne Mari Silje Samuelsen qui est 1er violon.

 
Après le concert, j'entends causer en allemand à la sortie de l'église. Des gars bien sapés. Je leur demande ce qu'ils ont pensé du concert. Ils me répondent dans un langage froid et codé qui doit se vouloir être celui de connaisseurs. Alors je rectifie ma question : "Qu'est-ce que vous avez ressenti ?". Je comprends qu'ils n'ont pas aimé, mais j'abrège. L'un d'entre eux semble me toiser de haut. Décidément les soi-disant "spécialistes" de la musique me barbent autant que ceux de la peinture, de la littérature, du cinéma ou de la politique. Mais je suis très content de cette soirée, mes amis m'ayant fait remarquer que nous, jeunes trentenaires, on était les plus jeunes dans un public de "vieux". Peut-être que les vieux étaient venus pour le Pape. Moi je dis qu'il n'y a pas d'âge pour apprécier la beauté !
 
 
Le Panthéon noyé dans le vin
Un bout de soirée passée devant le Panthéon avec une bonne bouteille de rouge. On rigole bien. Je bloque sur les détails architecturaux et mitraille tout le monde. A un moment B. s'empare de l'appareil. A. et son rire mythique...
 
Je bloque sur le haut du pronaos (entrée du temple).

Je bloque sur le haut du pronaos (entrée du temple).

Elle veut me faire embrasser ses bottes. Elle est lionne, hein. Dominatrice !

Elle veut me faire embrasser ses bottes. Elle est lionne, hein. Dominatrice !

Joli

Joli

Bandito

Bandito

Grand amour

Grand amour

B. ne sait pas prendre les photos. Mais quelle idée aussi de vouloir flasher des canards en pleine course !

B. ne sait pas prendre les photos. Mais quelle idée aussi de vouloir flasher des canards en pleine course !

B. Ier, roi d'un pays imaginaire

B. Ier, roi d'un pays imaginaire

Leçon de skate board (sans skate board)

Leçon de skate board (sans skate board)

L'ombre de mon profil. Bravo à B !

L'ombre de mon profil. Bravo à B !

B. alcoolisé

B. alcoolisé

Fantasme de castration (photo de B.)

Fantasme de castration (photo de B.)

Ca me rappelle un tableau, mais je sais plus lequel.

Ca me rappelle un tableau, mais je sais plus lequel.

Ce soir-là on a vu même des éléphants...

Ce soir-là on a vu même des éléphants...

 ... et des restos italiens. Pas commun sous cette lattitude. "Café Napoléon"... Quel manque de goût !

... et des restos italiens. Pas commun sous cette lattitude. "Café Napoléon"... Quel manque de goût !

 
On mange une glace au glacier Della Palma, pas loin du Panthéon.
Un véritable orgasme.
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