[Italian Trip] Roma, Scène 5 : Jouer au touriste (2 - suite)
[Note : Je mets systématiquement des liens Wikipedia en rapport avec les personnages historiques, artistes et lieux cités. Pour ceux et celles qui veulent en savoir plus sur, cliquer sur les noms quand ils sont écrits en gras. Mon but est de permettre de faire des balades riches en anecdotes et couleurs, plus complètes que celles que j'ai pu faire.]
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… Poursuivre la visite par la place Saint Pierre puis la Basilique...
A Rome il y a des nonnes à tous les coins de rue. Des vendeurs ambulants aussi, qui vendent entre autres des lampes à lumière verte clignotante. Quand ces deux mondes se rencontrent ça donne ça. Cette soeur avait de l'humour. Je l'ai vue acheter une de ces horribles lampes clignotantes et s'amuser à illuminer tous les gens sur son chemin. A moins que le Vatican ne tourne un remake de "Star Wars". Information à vérifier.
La Piazza San Pietro (Place Saint Pierre) et son architecture baroque.
C'est Gian Lorenzo Bernini (dit Le Bernin, en français) qui l'a dessinée au 17e siècle.
Bernini (1598-1660), sculpteur, architecte et peintre baroque, est incontournable à Rome. Sa très grande productivité artistique est marquée par la recherche du mouvement, la torsion des formes, les effets d'illusion.
Basilica di San Pietro in Vaticano (Basilique Saint Pierre), une des basiliques majeures de Rome.
La basilique est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco.
De nombreux architectes se succédèrent pour mener sa construction, qui aurait duré de 1506 à 1626 ! Parmi eux Bramante, Michel-Ange, Bernini, Raphaël, Giacomo della Porta, Domenico Fontana...
La place est magnifique. Mais je suis pressé, en retard et attendu. J'ai visité l'intérieur de la basilique, qui était bien évidemment magnifique, mais je ne pouvais plus faire de photos.
... Descendre la Via della Conciliazione pour rejoindre le Château saint Ange, ancien tombeau de l'empereur Hadrien, transformé en forteresse par les Papes. Traverser le pont San Angelo en admirant les statues d'anges le bordant, dont certaines sont de Bernini...
Castel Sant' Angelo (Château Saint-Ange), construit à partir de 135, d'après les volontés de l'empereur Hadrien pour être son mausolée. Son histoire est très riche. Il deviendra plus tard entre autres lieu militaire, prison, musée...
Quelques statues du Pont Saint Ange :
… Poursuivre par le Corso Vittorio Emanuele II pour atteindre le Campo dei Fiori et la Piazza Farnese, bordée par l'un des plus beaux palais de la ville, le Palazzo Farnese, siège de l'ambassade de France...
Palazzo Farnese (Palais Farnèse), édifice de la haute Renaissance,
oeuvre de Michel-Ange et siège de l'Ambassade de France depuis 1874.
... Se diriger vers la célèbre place Navone, qui possède encore la forme du stade présent ici à l'époque romaine...
La Piazza Navona, considérée comme un des plus beaux ensembles d'architecture baroque de la ville, a été construite à La Renaissance sur les ruines du stade de Domitien du Ier siècle. C'est un des lieux les plus touristiques de Rome, qui me fait penser à Montmartre : peintres et musiciens de rue, cafés et restos, animations en tous genres.
Au milieu de la place trône la Fontaine des Quatre Fleuves (Fontana dei Quattro Fiumi), bâtie par Bernini entre 1648 et 1651. Chacune de ses 4 statues représente un fleuve, chaque fleuve un continent :
L'église Sant'Agnese in Agone (Sainte-Agnès-en-Agone), près de la fontaine, commencée par les architectes Girolamo, et Carlo Rainaldi, achevée par Francesco Borromini. Agone serait le nom d'origine de la place.
Borromini (1599-1667), connu comme architecte baroque, a travaillé d'abord comme maçon, puis comme dessinateur. En tant que sculpteur il a participé à la construction de la basilique Saint-Pierre. Plus tard il a travaillé avec Bernini avant de réaliser ses oeuvres personnelles. Les deux architectes ont été en désaccord concernant l'interprétation des possibilités et limites de l'imagination. Borromini s'est suicidé.
Une légende raconte que cette statue a le bras tendue vers l'église Sant'Agnese, qui lui fait face, par peur de son effondrement. Cette histoire est basée sur la rivalité entre Bernini et Borromini. Sauf que la fontaine aurait été construite avant le début du chantier de l'église !
Vue d'ensemble de la fontaine. L'obélisque semble reposer sur le vide d'une caverne. Je suis resté un moment admiratif.
... Sur le chemin du Panthéon, derrière la place Navone, s'arrêter pour visiter l'église Saint Louis des Français, connue pour abriter de belles peintures de Caravaggio...
Chiesa San Luigi dei Francese (Eglise Saint-Louis-des-Français), dessinée par Giacomo della Porta, construite par Domenico Fontana, achevée en 1589.
Les Valois aidèrent à la construction de l'église. Elle est dédiée notamment à Saint Louis de France et administrée par la France encore aujourd'hui. La 1ere fois que j'y viens, le gardien me ferme la porte au nez. Il est 18h58. On ferme à 19h. C'est de bonne guerre. La 2e fois je réussis à entrer.
A l'intérieur de l'Eglise, la lumière met bien en valeur les 3 tableaux de Caravaggio (dit Le Caravage, en français) dans la chapelle Contarelli. De la lumière si on met une pièce dans la machine ! Interdit de faire des photos. J'en trouverai des reproductions sur internet. Les peintures ont été des commandes du cardinal Matthieu Contarelli au jeune peintre pour illustrer la vie de Saint Matthieu :
Michelangelo Merisi da Caravaggio,
Martirio di san Matteo - The Martyrdom of Saint Matthew -
Le Martyre de saint Matthieu,
1599-1600
Michelangelo Merisi da Caravaggio,
San Matteo e l'angelo - Saint Matthieu et l'Ange -
The Inspiration of Saint Matthew,
circa 1602
Michelangelo Merisi da Caravaggio,
Vocazione di san Matteo - The Calling of St Matthew -
La Vocation de saint Matthieu,
1599-1600
Pour ceux qui ne le connaitraient pas, Caravaggio a révolutionné la peinture au 16e siècle, notamment par son réalisme brutal, son érotisme et sa technique du clair-obscur. Je l'adore. Tombé en disgrâce dans les dernières années de sa vie suite au meurtre d'un homme dans un duel, c'est seulement au 20e siècle qu'il a été reconnu à sa juste valeur. La légende dit qu'il aurait été retrouvé mort sur une plage de Toscane, alors qu'il avait fui Rome pour échapper à sa condamnation à mort. Il avait 38 ans.
... De là, rejoindre le Panthéon et en visiter l'intérieur...
Je déambule dans les rues, entre dans un supermarché par une rue, ressors par une autre. Quelques minutes de confusion pendant lequelles je pense être perdu. Je demande mon chemin. Trop de touristes incapables de me répondre. Quand je tombe nez avec le Panthéon, un frisson me traverse tout le corps. Le choc provoqué par la vision de cette construction antique bien conservée au milieu des habitations du centre-ville...
Je suis soufflé.
A l'origine le Panthéon était un temple dédié à toutes les divinités de la religion antique. Au VIIe siècle il est transformé en lieu de culte chrétien. Foutus chrétiens qui ont remaquillé tous les lieux de culte antérieurs à leur croyance !!
Construit en 27 ou 25 A.C. par Agrippa au début du règne d'Auguste, détruit par le grand incendie de Rome en 80, reconstruit sous l'empereur Domitien, à nouveau détruit par un incendie en 110, sous Trajan... il est encore reconstruit vers 125 sous le règne de l'empereur Hadrien.
Tombeau de Victor Emmanuel II, 1er roi d'Italie, de 1861 à sa mort en 1878.
Vu comme un des principaux artisans de l'unité italienne avec Giuseppe Garibaldi et Camillo Benso, comte de Cavour.
Sur la place Campo de' Fiori trône la statue de Giordano Bruno,
ancien moine dominicain et philosophe, là où il a été brûlé par l'Inquisition pour ses idées.
Giordano Bruno (1548-1600)
Ce que je lis et entends sur Giordano Bruno me le rend très sympathique. La lecture de sa biographie rappelle avec force la puissance obscurantiste que les églises chrétiennes ont été en Europe pendant des siècles.
Bruno, boulimique de lecture et de réflexion, a englouti des quantités impressionnantes d'ouvrages et écrit dans des domaines très variés (physique, astronomie, théologie, philosophie, mnémotechnique, astrologie, magie...). Il s'est enthousiasmé pour Érasme, défendant sa liberté de penser par rapport aux autorités ecclésiastiques, a adhéré aux théories de Copernic sur l'héliocentrisme (double mouvement des planètes sur elles-mêmes et autour du Soleil au centre) qu'il a poussées plus loin, émettant l'idée que l'univers est infini et sans centre. Contre l'avis de l’Église, il a fait l'hypothèse de la pluralité des mondes habités, a proclamé que Jésus Christ n'est pas un dieu, mais un « mage habile », écrit des livres de magie et évoqué sa croyance en la réincarnation.
A 27 ans il a été déclaré hérétique, a quitté les ordres et est devenu nomade pour échapper à un procès. Après avoir erré en Italie pendant 2 ans, il a trouvé refuge dans la communauté évangélique de Genève, où il a fini par être arrêté et excommunié pour avoir critiqué les compétences d'un supérieur hiérarchique. En France le roi Henri III l'a pris comme philosophe attitré de la cour et protégé pendant 5 ans. En Angleterre il a fait scandale. N'étant plus le bienvenu en France, il est parti pour l'Allemagne, où les luthériens l'ont excommunié suite à des tensions avec sa hiérarchie. Il a été invité à Venise, mais suite à un conflit avec son hôte, a été livré à l'Inquisition vénitienne. Il est blanchi à Venise, mais le Vatican demandant son extradition, il lui est livré. Son procès durera 7 ans, les charges contre lui devenant toujours plus longues. Bruno sera condamné au bûcher et exécuté sur la place Campo de' Fiori en 1600.
De très nombreux auteurs lui ont rendu hommage. Parmi eux, Leibniz, Goethe, Diderot, Hegel, Brecht, Yourcenar.
Le réalisateur Giuliano Montaldo a fait un film sur lui, "Giordano Bruno", en 1973.
Ici la version originale (en italien) sous-titrée en anglais et français du film de Montaldo.