Drumont, histoire d’un antisémite français, Emmanuel Bourdieu, 2013

Publié le par Le Rétif

Dans ce téléfilm diffusé également sur France télévision ce n’est pas l’action qui marque le plus. Il y en a assez peu, je trouve, même s’il y a une tension à peu près constante. J’ai trouvé Denis Podalydès très bon dans le rôle de Drumont, un homme qui semble obsédé par l’idée d’être vu, regardé et reconnu, quitte à ce que ce soit par la peur et le dégoût qu’il inspire.
Au début, son antisémitisme semble presque confidentiel et mondain tant qu’il le distille chez son ami Alphonse Daudet devant ce dernier et ses proches : Edmond de Goncourt et Zola, qui est le seul à avoir de l’antipathie pour Drumont. Léon, le fils d’Alphonse, va nourrir une telle admiration pour ce dernier qu’il deviendra plus tard un meneur de l’extrême-droite antisémite à l'Action Française et gardera une haine tenace pour Zola.

Pour qu’on s’intéresse à lui Drumont semble prêt à tout, même à se dire solidaire des anarchistes quand l’attentat à la bombe perpétré à l’Assemblée nationale les fait craindre et pourchasser. C’est néanmoins l’humiliation du capitaine Dreyfus qui va constituer une aubaine pour Drumont, allant toujours plus loin dans l’ordure contre les Juifs. C’est le même événement qui va réveiller un certain Bernard Lazare, jeune intellectuel juif, sioniste et anarchiste, qui méprise Zola, qu’il considère comme un bourgeois installé, autant que l’officier Dreyfus, qu’il voit du côté des sabreurs du peuple. Quand Lazare va réaliser que Dreyfus est considéré par la justice et par l’État comme un sous-homme, il va mettre toute son énergie à faire éclater l’affaire. Mais n’ayant pas suffisamment de popularité, il va faire appel à Zola et travailler avec lui.

Le moment le plus jubilatoire du film a été pour moi celui où Drumont lit ulcéré le « J’accuse » de Zola. Quasiment toute la France a été mise en accusation, sauf lui et son journal venimeux, cadeau que Zola tenait absolument à éviter de lui faire. Le film commence par la folie du père de Drumont et se termine par celle du fils, comme un clin d’oeil aux théories mises à l’honneur par Zola dans ses livres concernant l’hérédité.
J’ai lu sur internet que ce film ferait un bon support pédagogique. Je trouve aussi. Autant que la performance d’acteur Podalydès mérite d’être saluée.

Comme je n’ai pas trouvé de bande-annonce, voici un lien vers une version du film :
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