Night on Earth, Jim Jarmusch, 1991

Publié le par Le Rétif

De Jim Jarmusch j'avais déjà vu quelques films. Des histoires lentes, avec des actions comme suspendues hors du temps (Dead Man) ou des personnages eux décalés dans leur rôle ou le monde qui les entoure (le personnage interprêté par Johnny Depp dans Dead Man encore ou le héros tueur de Ghost Dog). La musique aussi est quelque chose de particulier dans les films de Jarmusch, pas laissée au hasard.
Je me suis souvent demandé s'il était complètement shooté, s'il faisait ses films pour un public amateur de psychotropes ou s'il voulait simplement faire planer les gens.
Toujours est-il que je suis entré dans « Night on earth » avec un a-priori positif.
Apparemment Jarmusch aime bien choisir un thème (peut-être une obsession personnelle ?) sur lequel il axe tout le scénario. Dans « Coffee and cigarettes » le titre parle de lui-même. Dans « Night on earth » ce sont des trajets en taxi dans des grandes villes de nuit.
Dès les premières notes de la musique, lente, sombre, je me suis senti dans un univers familier.
Ne manquait plus que la voix rauque de Tom Waits.
A Los Angeles une femme très classe (interprêtée par Gena Rowlands) monte avec une jeune chauffeur à peine sortie de l'adolescence (Winona Rider). La femme du monde tente de convaincre cette dernière de laisser tomber son taxi pour devenir une star de cinéma. Sauf qu'elle a apparemment déjà réalisé son rêve.
A New York un noir de Brooklyn veut rentrer dans son quartier et se fait prendre par un ancien clown fraichement débarqué d'ex-RDA. J'aime particulièrement l'acteur allemand qui joue le rôle du chauffeur, Armin Mueller-Stahl. J'avais aimé ses rôles dans « Lola » de Fassbinder et dans « Le Roi des Aulnes » de Volker Schlöndorf). C'est une scène super drôle de choc culturel où les deux protagonistes s'amusent des différences de l'autre.
A Paris un chauffeur ivoirien un peu tête en l'air et qui n'a pas la langue dans sa poche laisse deux Camerounais arrogants sur le carreau, puis prend une aveugle (jouée par Béatrice Dalle).
A Rome un chauffeur extraverti et farfelu (Roberto Benigni) conduit un curé, lui raconte avec un avalanche de détails ses expériences sexuelles les plus marquantes, notamment avec une chèvre, jusqu'à provoquer une crise cardiaque à son client.
A Helsinki un chauffeur taciturne prend des gars survoltés par l'alcool et leur raconte froidement sa vie sinistre. Quand la voix de Tom Waits a retenti pendant le générique de fin je me suis senti définitivement à la maison.
Un joli voyage !

Publié dans Cinéma, Critiques de films

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