Les bruits de la rue

Publié le par Mako Rigan

"J'entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde"
Paul Eluard

Ce n'est pas ta voix que j'entends vibrer dans tous les bruits du monde
C'est ta peau que je vois hérissée
Ma peau
qui frissonne
à chaque passante dans la rue
Tous ces canons qui m'envoient des boulets
que j'avale
gavé comme une oie au désir
[végétarien]
de chair animale
Ces femmes sex-appeal me font rêver
de toi
 
Sangles de cuir montant jusqu'au genou
mollet
Mon regard s'écrase en une main fugace et improbable
Brides comprimant la chair ou coupant le souffle
Jupe qui pend, se répand en frous-frous
en arabesques aériennes
qui tangue à chaque mouvement de fesses
dont on lit précisément le dessin
plus ravageuses que si elles étaient nues
Je mords mon poing en prenant soin de ne pas boire mon sang
 
Le choc du talon sur le pavé
Le pas muet et glissant d'un pied léger sur la dalle
Fantasmes éclatants tourbillonnant en un flot de pétales
qui tombent rigides
et déjà secs
sur la chaussée
Collants qui crissent
vrombissant sous le pincement de l'ongle
flottant et vacillant tes pieds glissés dans des mules
gémissant quand tu frottes l'une contre l'autre tes deux divines jambes
 
Ces bas
qui disparaissent
en klaxonnant jusqu'à me rendre aphone
rubans, ceintures, opaques, strassées, satinées
Tu brilles comme un paquet cadeau
Sandales montant à mi-mollets
cuissardes
se répandant en vent de cordelettes
sur le calme plat feutré de ton épiderme
Boucles métalliques
Cheville qui se déplie
craquant dans ma tête
 
Je sursaute
Puissance de la bottine
ou du pied nu
De la force, de la souplesse, du fracas silencieux
Je t'aime parce que tu m'assassines sans bruit
Ninja du désir souffle de vie
 
Pas de tongues
pas d'écrase-merdes sans style, sans âme
La petite touche fatale :
le bout de cuir qui gaine de la cheville au talon sans rien masquer
 
L'eau à la bouche
 
Suggestion
T'es comme une malle au trésor
Pas besoin de voir l'intérieur pour succomber à la tentation
En te cachant un peu tu provoques un appétit sans fin
 
Mets-moi par terre ou je te baise
Attache-moi ou c'est moi qui t'attaque
Si je t'attrape je te mords jusqu'au sang
 
Mon allumette piégée
je t'éteins et tu repars aussitôt
lumineuse brûlante pour me consumer
 
Arme de construction massive
de poèmes et de scénarii érotiques
 
Odeur de sueur, de suif et de corail musqué aux fines herbes
Râle de satin, caresse d'écrevisse, sourire d'église gothique
Parfum d'étoile, manières de putain de luxe
Excuses si je dis putain
Je ne t'insulte pas
La putain racole, provoque en accentuant son côté femelle
Toi tu débordes de femellité
 
Tes quilles satinées musclées, déesse intemporelle
Mortelle, ton souffle m'appartient
Je fais couler ton sang tes larmes
ton jus
ton repentir
et mes soupirs s'élèvent lorsque tu m'enchaînes

Publié dans Mes poèmes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article