Mission Andorre : Scène 2, L'Hospitalet-près-L'Andorre

Publié le par Mako Rigan

J'étais dans le train direction Andorre, ne sachant pas encore comment j'allais continuer. D'après ce que j'avais trouvé sur le net, il n'y a pas de voie ferrée en Andorre. Mon chef m'avait laissé entendre que je devais me débrouiller pour y arriver. L'Hospitalet-près-L'Andorre, c'est une des dernières gares françaises. Il est finalement venu me chercher là-bas.
Une grosse bagnole allemande, un gros bonhomme qui parlait avec un gros accent du sud de l'Allemagne. Quelque chose en lui m'était sympathique.
Sa nonchalance peut-être. Gros rire. Il a vu une femme traverser la route et a fait une grosse blague salace. Là d'un coup il m'était moins sympathique. Mais je n'ai pas réagi. Je sais comment « survivre » dans ce milieu. Plus qu'un milieu professionnel : le monde des hommes qui disent aimer les femmes mais passent leur temps à dire les pires atrocités sur elles quand ils sont entre eux. J'ai une mission : faire de la traduction pour remplir les caisses. Mon but, c'est pas de lever les préjugés de tous les gros nigauds que je vais fréquenter. Je sais ce que j'ai à faire. Si on doit parler « politique », « valeurs » et « vivre ensemble », ça se fera tout seul. Je peux pas m'empêcher de lui trouver quelque chose de sympathique. Peut-être le fait qu'il marche avec une canne et que ça l'empêche pas de faire le malin.
Il a voulu me faire faire le tour de la vallée dans sa grosse bagnole tout-terrain. C'est superbe ! J'ai lu qu'il y a un an on a retrouvé le corps décapité d'un homme dans la rivière. Pas mal pour un bled de 93 habitants ! Finalement ça aurait été un suicide et le corps aurait été décapité par les hélices du barrage hydro-électrique. Car ici on fabrique l'électricité à la force de l'eau. C'est un peu pour ça que je suis là d'ailleurs.
Le chef avait l'air tout content de me montrer ce paradis de la consommation qu'est Andorre. Moi j'étais plutôt horrifié, mais je me léchais les babines intérieurement à l'idée de faire une nouvelle expérience sortant de tout ce que j'avais pu imaginer !
 
On a tourné un moment pour trouver un logement pour moi et les 2 Lettons qui devaient arriver dans la journée. Mes premiers collègues. Un hôtel et pas mal de gîtes, que je trouvais tous sympas. Pour le chef ça allait pas, car on peut pas mélanger les vacanciers et les ouvriers, qui préfèrent rester entre eux pour dormir. Le gros bonhomme à la grosse auto me disait à chaque fois de répondre aux commerçants qu'on les appellerait plus tard. Une fois dans la voiture, il me glissait avec un air narquois qu'on les appellerait pas. Ça m'a pas donné une haute estime de la valeur de sa parole.
Finalement je me suis retrouvé à l'hôtel. Un endroit dans lequel je serais jamais allé de mon propre chef. Le patron m'a proposé 2 prix :
- soit une chambre pour 3 à 75 euros
- soit une à 40 et une autre à 60. Il prétendait me faire un cadeau.
J'ai accepté la première offre. Il m'a donné une clef. Mais quand je suis monté voir la chambre, j'ai réalisé qu'il y avait seulement un lit 2 places pour 3 personnes...
Quand je suis redescendu voir le patron, je lui ai demandé la clef de la chambre pour 3 et il s'est énervé. Il m'a accusé de pas savoir ce que je voulais, rouge de colère. J'ai vu le moment où il me jetais dehors. Je suis resté calme. J'ai même pas lancé une pointe ironique. Exercice de yoga. Respiration profonde. Je lui ai répété ce que j'avais compris et lui ai dit que je voyais le contraire d'un cadeau. Il a alors commencé à jurer.
« - Et vos ouvriers, ils vont quand même pas dormir dans le même lit ?? Ils couchent pas ensemble quand même ??? »
Je lui fait remarquer que c'était pas son affaire si les gars voulaient dépenser moins d'argent.
J'ai pris les nouvelles clefs et suis monté dans ma nouvelle chambre.
Ce filou avait pensé me refourguer 2 chambres pour 100 euros !
Plus tard, je l'ai revu avec une vieille dame (sa mère). Je me suis rappelé de ne pas juger quelqu'un sur la base de ce qui s'est passé avant et il a été doux comme un agneau.
 
J'ai jeté un œil par la fenêtre. Jolie vue. En m'appuyant au mur, je me suis rendu compte que mon pantalon était couvert de tâches blanches. Quel hôtel merdique. Au matin j'ai vu qu'il n'y avait pas de taie de traversin. Le drap avait été rabattu sur le coussin pour faire illusion. J'ai pensé à « Stances à un cambrioleur » et « Histoire de faussaire » de Brassens. J'ai eu tellement pitié de ce patron d'hôtel piquant une crise parce qu'on lui demandait de répéter une phrase. Aucune raison de m'énerver.
Le soir j'ai fait le tour du pâté de maisons. Pas grand-chose à voir, mais des gens sympathiques, aussi bien les locaux que les touristes. La seule exception, c'était apparemment le gérant de l'hôtel. Tous les locaux me l'ont dit. Une maman en vacances avec ses enfants m'a invité à partager leur repas. Le gérant d'un gîte m'a offert son briquet quand je lui ai dit que je cherchais un endroit où en acheter un. Ça m'a rappelé le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Ces gens étaient ouverts et dans l'entraide. Brin de causette avec une Réunionnaise et une grand-mère qui étaient debout dans la rue. Les Lettons se sont couchés assez tôt, l'un d'entre eux a voulu dormir par terre. Il a regardé un film doublé en russe super fort. Ca me faisait me bidonner, car je trouve les versions russes des films toujours abominables avec leurs voix qui couvrent à moitié celles de la version originale. Et les acteurs russes parlent d'un ton tellement monotone ! Quoiqu'il en soit, ils ont approuvé mon choix de prendre une chambre pour trois. J'ai fait un tour du village, trouvé une connexion internet pour participer à quelques concours de photos, fait quelques prises de vue et je suis allé me coucher. Le lendemain, c'était le 14 juillet et on devait se lever tôt...
 
La vallée. J'adore !

La vallée. J'adore !

Première vue que j'ai d'Andorre. Ma première impression est l'horreur devant cette architecture qui me rappelle Frankfurt-am-Main...

Première vue que j'ai d'Andorre. Ma première impression est l'horreur devant cette architecture qui me rappelle Frankfurt-am-Main...

Selfie dans la chambre d'hôtel miteux

Selfie dans la chambre d'hôtel miteux

Ce bout-là, je l'aime aussi. Pris depuis la fenêtre de ma chambre.

Ce bout-là, je l'aime aussi. Pris depuis la fenêtre de ma chambre.

Un fauteuil minéral et végétal, qui m'a inspiré !
Un fauteuil minéral et végétal, qui m'a inspiré !
Un fauteuil minéral et végétal, qui m'a inspiré !
Un fauteuil minéral et végétal, qui m'a inspiré !
Un fauteuil minéral et végétal, qui m'a inspiré !

Un fauteuil minéral et végétal, qui m'a inspiré !

Dernière vue extérieure avant de m'endormir

Dernière vue extérieure avant de m'endormir

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article