Putain d'hiver de merde... (1)

Publié le par Mako Rigan

Les deux fois précédentes je m'en étais pas mal tiré. J'avais su éviter les gifles de l'hiver allemand, regardant avec une ironie moqueuse le défilé des gens habillés en deuil et faisant  la gueule partout en ville. Je me vantais de m'habiller en couleurs pour garder le moral et tenter d’égayer celui des autres. Oui, s'habiller en couleurs et continuer à sourire, je me disais que ça pouvait être contagieux et que ça pourrait faire petit à petit boule de neige ! Mais cette année j'ai bien déchanté.
D'abord à mon retour de France après les fêtes de Noël j'ai la lumineuse idée de courir sur du verglas. Je me suis ramassé et payé une commotion cérébrale. 2 semaines de mal au crâne avec à la clef des examens médicaux, qui m'ont coûté la coquette somme de 850 euros et des sueurs froides pendant plus d'un mois.
 
J'attaque le boulot pour la fac, en essayant de me motiver. Seul c'est pas de la tarte. Vive les études à distance, sans camarades de classe visibles, sans prof, sans université ! Pendant plusieurs mois je me bats contre moi-même pour sortir avec ce temps de merde, aller à la bibliothèque universitaire et m'imaginer dans la peau d'un moine. Je vois presque plus personne, travaillant souvent la nuit, le moment où je suis le plus efficace. Ça use aussi le moral.
 
Comme j'ai dû quitter ma dernière super colocation (pour cause de retour de voyage de la personne qui m'avait sous-loué sa chambre), une copine m'héberge 2 mois dans son chez elle avec une fenêtre qui ferme mal et des trous ça et là dans les murs, espace que je dois partager avec 3 chats, qui foutent des poils partout, commencent à se battre tôt le matin, viennent dormir sur moi et se font les griffes sur le seul meuble auquel je tiens : un fauteuil de l'époque de la RDA.
J'apprendrai petit à petit à tolérer les poils et à voir positivement le fait qu'ils viennent se pelotonner sur ma couette. C'est toujours un peu de chaleur en plus. Pendant ce temps, je dors avec 3 couettes et perds du poids (d'après ce qu'on m'a dit...).
 
Au niveau des amours c'est la débandade (jeu de mot délicat). La passion se transforme irrémédiablement en tragédie. Je sais plus où aller chercher de l'énergie, me sentant comme le Titanic, percé de tous les côtés. Je cours dans la soute pour colmater une fuite... et ça craque en haut, à bâbord et à tribord.
 
Je visite une douzaine de colocations et je m'arrête sur celle où les gens ont à peu près mon âge. Pas envie de vivre qu'avec des jeunes de 20 ans. Rien contre, mais je préfère quand c'est plus mélangé. Je me voyais déjà jouer le rôle du papy dans des colocs peuplées de filles de 20 ans.
Mauvaise pioche : les gens avec qui je vis sont sympas, mais on est trop différents à mon goût. Une (Espagnole) est coiffeuse à domicile. Je comprends trop tard qu'elle reçoit les clients à la maison et à partir de 9h du matin les grasses matinées sont finies pour cause de tapage. Elle a aussi un gros chien, un Golden Retriever jaune :-) qui prend toute la place quand il se couche dans le couloir, quoiqu'il fasse jamais de bruit, même quand on lui marche dessus pendant la nuit pour aller aux toilettes ! Et le bougre perd ses poils. Il y en a des tapis entiers partout dans la maison. J'en viens à regretter les trois chats avec qui j'avais du cohabiter.
L'autre coloc (Allemand) bosse en permanence sur son mémoire d'études et rentre brièvement, presque toujours avant d'aller faire du sport. Dans les toilettes on a de la lecture : des magazines sur le surf, les bagnoles ou les stars. Fabuleux. Les deux vivant ensemble depuis un moment, ils s'entendent bien et ont déjà mis en place les choses essentielles de la maison. Mais pas à mon goût... Comme on fait que se croiser et que le désordre domestique m'énerve, je me fais la malle au moins un mois, histoire de voir autre chose.
 
Quand je reviens j'apprends que l'Espagnole est enceinte et qu'elle va déménager très bientôt. Ma réaction est spontanée : youpi !
Le fait qu'elle soit enceinte me laisse songeur. Quand j'avais quitté la France deux de mes anciennes copines avaient mis bât, ha ha ha ! J'ai habité ici pendant un moment à côté d'une femme enceinte, puis je suis parti quelques temps après qu'elle ait accouché. Six mois durant j'ai vécu ensuite dans un quartier plein de mioches en bas âge et de bébés, que les parents traînaient dans des espèces de chariots pour vélo. Puis deux mois dans cet immeuble froid et troué comme un gruyère où l'amie qui m'hébergeait était elle aussi enceinte, comme deux des voisines d'ailleurs.
Et là une coloc qui s'en va pour cause de gestation ! Ha, ha, ha !
Des mauvaises langues disent que ça fait trop de femmes enceintes autour de moi.
 
Réflexions aussi sur mon incapacité à avoir réussi à redresser la barre assez tôt, tenter de faire changer les choses dans la coloc avant. Mais bon, je trouvais plus d'énergie nulle part.
La nouvelle habitante qui arrive est un vrai rayon de soleil. Étudiante en médecine, elle a 23 ans, sourit tout le temps et c'est un réel plaisir de papoter avec elle. Ma relation avec l'autre coloc (celui qui est resté) devient plus légère, plus décontractée, vraiment plus agréable.
Une personne de moins dans une maison à trois et tout l'équilibre change...
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