Parler de la pluie et du beau temps

Publié le par Mako Rigan

Ça y est le printemps débarque. Il y a quelques temps le directeur de cet ancien monastère dans lequel j'habite la moitié du temps me disait : "Vous verrez, au printemps c'est merveilleux ici. Les écorces des arbres éclatent, la couleur et les odeurs envahissent tout ! C'est grandiose." Et dans les yeux de cet homme si strict, si propre sur lui et si irréprochable je voyais briller de petites lumières.
J'apprends à lire les regards aussi ici. Parce que les gens ne bougent souvent pas beaucoup quand ils parlent.
Et là je sens que le printemps se fait annoncer. Les petites nanas qui m'entourent deviennent plus gaies et un simple sourire de ma part fait s'éclairer leurs visages. Ah, ça fait du bien de retrouver les vivants ! (je parle aussi pour moi).
J'ai senti l'hiver, putain ! De mon coup de blues aux alentours de Noël jusqu'au pic de noirceur de février, j'avais redressé la barre.
L'hiver a été agité. Il neige encore un peu, mais ça dure que quelques minutes et ça fond aussitôt. Alors je m'en fous.
Quand je rentre en train chaque début de semaine c'est la nuit noire. Je sais que j'ai 45 mn à faire à pied sur un sentier parfois couvert de flaques d'eaux. Mais les flaques d'eau je les emmerde parce que je me dis que le printemps est là.
Ce pays est extrême pour son climat. L'hiver est si gris, stable et si long que les gens deviennent pareils. Ternes et froids. J'ai appris à les aimer comme ca, taciturnes. A les trouver drôles quand même. Au printemps il ont des étincelles dans le regard, les visages sont ouverts.
Parfois j'ai rien à dire mais je souris niaisement. On me demande ce que j'ai. Je répond : "Rien", avec le même sourire niais. Merde, je serais pas amoureux quand même ?
Je mange, je mange, je mange, encore plus de chocolat depuis que j'ai arrêté la viande. La sieste aussi, le moment important de la journée. Ici ça leur paraît bizarre. Je sais pas comment ils font : c'est du bonheur la sieste !
Les changements de saison sont très forts. Il faut s’accrocher pour pas couler en hiver ou s'envoler au printemps.
J'aime bien regarder en l'air et j'ai déjà de grandes ailes dans le dos. mais je vais essayer de garder au moins un pied sur terre. Quoique j'ai bien peur que ce soit déjà trop tard.
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